🔮 Founding Engineer, une aventure à tenter ?
⚡️ Échange avec 2 Founding Engineers de talent.io et Jimini AI
⏱ Temps de lecture : 9 minutes
🧠 Ce que ça va t’apporter : Comprendre le scope d’un Founding Engineer, et voir si te lancer dans l’aventure vaudrait le coup si l’occasion se présentait !
Décembre 2015.
Benjamin rejoint talent.io en tant que Founding Engineer.
Novembre 2023.
Thomas démarre chez Jimini AI, lui aussi en tant que Founding Engineer.
8 ans d’écart, 2 époques différentes, mais un même rôle : celui de Founding Engineer.
“Euh d’accord, mais qui sont Benjamin et Thomas ?”
Nos 2 invités pour cette nouvelle newsletter (on les remercie !)
Tu l’auras compris, on va parler du rôle de Founding Engineer aujourd’hui.
Le choix de la boîte, le scope, le salaire, le quotidien, les difficultés, l’évolution…
On parle de tout ça dans cette nouvelle édition du talent club.
Pourquoi avoir échangé avec Benjamin et Thomas ?
Tu le sais bien maintenant, dans le talent club on aime avoir de vrais retours d’expérience.
La pratique > la théorie.
Avec Benjamin, on va pouvoir avoir du recul (8 ans !), et voir comment il a évolué après avoir été l’un des tous premiers devs chez talent.
Avec Thomas, on est dans le présent. Pratique pour observer son quotidie, ses missions et comprendre son choix récent de rejoindre Jimini AI (un copilote pour les avocats basé sur les LLMs) en tant que Founding Engineer.
Un Founding Engineer, c’est un founder ?
Quelles différences avec un CTO ?
Founding Engineer, tu dois être mal payé au début, non ?
Je suis trop junior pour être Founding Engineer.
Autant de remarques et questions entendues en discutant avec certains d’entre vous ces dernières semaines. On va décortiquer tout ça !
💡 Founding Engineer, ça veut dire quoi ?
Commençons par rappeler une chose importante :
Founding Engineer ≠ Founder
Tu fais partie de la Founding Team, c’est-à-dire des premiers à rejoindre la boîte, mais tu n’es pas founder.
En tant que Founding Engineer, tu es généralement le premier salarié de l’équipe tech.
Et ton rôle va être de tout construire : des features, des process, une équipe tech, tout.
Tu pars d’une page blanche, et tu dois la remplir.
🎤 Benjamin, Thomas, c'est quoi votre parcours ?
Benjamin :
J’ai fait une école d’ingé, puis j’ai eu un premier CDI pendant 3 ans en Machine Learning dans une start-up.
À un moment, j’ai senti que j’arrivais au bout de l’aventure, et que j’avais envie d’apprendre de nouvelles choses.
J’ai commencé à chercher une nouvelle opportunité. J’ai eu des échanges avec les founders de talent.io, qui étaient passionnants. Ça m’a convaincu de les rejoindre à la suite de la première levée de fonds (quelques mois après la création de la boite).
J’étais le 1er dev’ chez talent, et ça fait maintenant plus de 8 ans que je suis là.
Thomas :
Jimini, c’est mon premier CDI. Avant ça, j’ai fait une école de commerce, puis une école d’ingé. J’ai rapidement orienté mon profil sur l’IA parce que ça me passionne et que le potentiel est énorme.
À la fin de mes études je cherchais un CDI, pour démarrer 6 mois plus tard, avec pour objectif de faire un voyage en Amérique Latine avant. Mais quand j’ai échangé avec les founders de chez Jimini, j’ai compris qu’il fallait que je les rejoigne maintenant, et pas dans 6 mois, si je voulais avoir un impact fort et un rôle important.
J’ai rejoint la boite juste après la première levée de fonds.
🧨 Founding Engineer = impact++
Devenir Founding Engineer, c’est avant tout vouloir avoir un vrai impact dans la croissance d’une start-up, au-delà même de la technique.
Si tu souhaites ne faire que coder, il vaut mieux viser un autre rôle.
Pour Thomas, être Founding Engineer n’était pas une fin en soi à la base.
Je visais pas forcément un rôle de Founding Engineer, mais je ne voulais pas seulement rejoindre une boite en tant que dev’ IA et faire du code toute la journée.
Je voulais pouvoir structurer une start-up sur le côté technique (choix architecturaux, stack, process) mais aussi sur le produit et le recrutement.
En fait, ce que je recherchais, c’était pouvoir faire un peu de tout , et le rôle du Founding Engineer y correspondait bien.
Du côté de Benjamin, même son de cloche :
Je cherchais plutôt une petite start-up, mais sans me dire qu’il fallait que je sois Founding Engineer.
Ce qui m’a guidé dans mes recherches : je voulais (1) avoir de l’impact,(2) apprendre beaucoup et rapidement et (3) bosser avec des founders inspirants.
🤝 Devenir Founding Engineer, c’est avant tout une rencontre avec des Founders
Thomas et Benjamin sont animés par le fait d’avoir de l’impact sur la croissance.
C’est ce qui a motivé leur choix de devenir Founding Engineer.
Mais la rencontre avec les founders a été décisive.
Que ce soit pour Benjamin ou Thomas, les échanges avec les founders ont pesé lourd dans la balance, et ont changé leurs perspectives. Thomas nous raconte :
Honnêtement, j’avais d’autres process dans des boites plus matures, mais ma rencontre avec Stéphane (un des co-founders) a changé beaucoup de choses.
Il s’est passionné pour l’IA, mais son grand projet depuis toujours est de résoudre le diabète de type 1. Pour faire ça, il veut monter une biotech, mais pour monter une biotech il faut lever des centaines de millions d’euros. Pour lever autant d’argent, il faut déjà avoir monté une boite qui marche bien : Jimini AI est née.
C’est le genre de profil que j’avais envie de suivre, avec une vraie vision et des ambitions.
🛣 Devenir Founding Engineer, une opportunité plutôt qu’un chemin tracé
On peut parfois trouver et postuler à des offres de “Founding Engineer”.
Mais ça reste relativement rare.
En réalité, c’est plutôt la volonté de chercher des petites start-ups, dans lesquelles tu pourrais avoir un impact fort, qui débouchera sur ce genre d’offres.
Les conversations, les rencontres, la curiosité business et tech.
L’opportunité de devenir Founding Engineer a d’ailleurs plus de chances de se présenter à toi quand :
Tu es ouvert d’esprit et orienté business et impact
Tu as envie t’impliquer à 100% dans un projet innovant ou de rupture
Tu discutes régulièrement avec des entrepreneurs pour saisir les opportunités au bon moment (avoir le sens du timing, c’est important).
🕵️♀️ Comment savoir si je fais un bon choix en rejoignant une early-stage start-up ?
Il y a 2 aspects qui t’aideront à limiter les risques de faire un mauvais choix :
Bien évaluer le potentiel de la start-up
Bien évaluer ton intérêt pour le projet
Avant de t’engager en tant que Founding Engineer, tu dois t’assurer que ces deux critères soient cochés.
Pour ça, tu peux appliquer ces 4 conseils :
Conseil #1 : pose des questions !
Thomas :
Perso j’ai tout de suite posé plein de questions aux founders sur le business :
Pourquoi ça pourrait marcher par rapport aux concurrents ?
Quelle est votre vision de la boite sur les prochains mois et années ?
Comment vous souhaitez vous financer dans le futur ?
Je ne voulais surtout pas que la vision de la boite soit “une course à la levée de fonds”, et ça m’a rassuré de voir qu’ils étaient dans la même optique que moi.
Benjamin :
On a rapidement abordé le sujet du business model, des leviers de croissance, et de potentiel du marché avec les founders. C’est un pré-requis de comprendre tout ça et de s’y intéresser avant de rejoindre une start-up en tant que Founding Engineer.
Conseil #2 : Intéresse-toi au plan de financement
Benjamin et Thomas ont tous les deux rejoint leur entreprise juste après une levée de fonds.
Ce n’est pas obligatoire, certes, mais Thomas nous confirme que c’était un vrai avantage pour démarrer :
Le fait que Jimini ait levé des fonds me permet d’être très serein dans mon travail. Dans une start-up qui manque de cash, il peut très vite y avoir un environnement néfaste dans lequel tu ne vas pas t’épanouir.
Assure-toi donc que la start-up a un plan de financement solide, et pour ça, retour au conseil numéro 1 : pose des questions aux founders !
Conseil #3 : intéresse toi aux profils des Founders
Si la rencontre avec les founders a été inspirante et que vous étiez alignés, c’est déjà un très bon point.
Mais ça ne suffit pas, selon Thomas :
Je me suis pas mal renseigné sur le côté humain des founders, via des connaissances en commun.
J’ai aussi beaucoup regardé les interactions qu’ils avaient entre eux quand je les ai rencontrés. La confiance entre Stéphane et Raphaël, les 2 co-fondateurs, m’a vraiment frappé et ça a contribué à me convaincre.
Intéresse toi aussi au background des founders : leur formation, leurs précédents projets, ça t’aidera à te projeter.
Conseil #4 : tu dois croire au produit
C’est absolument nécessaire : tu dois aimer le produit, avoir envie de travailler dessus, être excité à l’idée de faire grandir la boite.
Sincèrement.
Sans ça, tu vas rapidement voir ta motivation diminuer à la première contrariété.
Surtout, ta performance dépend de ton intérêt pour le projet.
Tu vas devoir tout créer, donc avoir des idées, te former, parler avec des pairs, bref t’impliquer avec passion !
🔭 Le scope du Founding Engineer
Ça y est ton choix est fait, tu as rejoint cette jeune start-up en tant que Founding Engineer… Tu fais quoi maintenant ?
Le Founding Engineer arrive généralement à un moment où le Product Market Fit a été trouvé.
Son scope est très large, puisqu’il y a tout à faire.
La stratégie et la prise de décision technique ont une part très importante.
Pour Benjamin et Thomas, l’objectif était de construire et de poser les fondations, après une première levée de fonds.
Construire le produit, structurer les process, structurer le code, structurer une équipe.
Benjamin nous raconte :
Je faisais beaucoup de technique et de choix architecturaux avec le CTO.
J’ai vraiment dû construire les fondations techniques, de vraies briques architecturales qu’on utilise encore aujourd’hui.
Il n’y avait pas de PM, donc je m’occupais du produit avec le CTO. C’est hyper intéressant de creuser le comportement utilisateur, pour en créer des features.
Parmi mes premiers projets :
Transformer la structuration des données pour pouvoir mieux analyser et couvrir + de use cases
Améliorer le taux de réponse des candidats sur talent.io
Changer le système de filtres
En plus de ce volet technique important, Benjamin a rapidement eu des responsabilités dans la structuration d’équipe (identification des profils avec le CTO, création de la grille de salaires, process de recrutement, etc.)
Il a commencé à mentorer les nouveaux arrivants dans l’équipe tech, jusqu’à devenir Tech Lead 2 ans après son arrivée.
Thomas lui, a une vraie appétence pour l’organisation, la mise en place de process et la structuration de l’équipe :
Je suis hyper autonome, je peux être force de proposition.
Je m’occupe de la partie recrutement, de structurer l’équipe et identifier en fonction de nos besoins, de construire des process clairs, avec des tickets, des code reviews, une roadmap.À côté de ça, je code aussi beaucoup, je développe des nouvelles features, je construis l’architecture. Je parle aussi aux clients parfois pour bien comprendre leurs besoins. C’est hyper complet.
👩💻 Comment on gère la dette technique quand on est Founding Engineer ?
Au démarrage d’une start-up, la dette technique a assez peu d’importance, comme le dit Benjamin :
Sur-optisimer tes process pour minimiser ta dette technique avant d’avoir trouvé le Product Market Fit, ça n’a pas de sens. Au tout début il faut coder, tester, écouter les feedbacks utilisateurs, et itérer.
Quand ils sont arrivés, Benjamin comme Thomas ont dû trouver un équilibre entre dette technique et progression rapide.
Thomas y accorde une grande importance :
Dès que le PMF est trouvé, il est faut mettre en place des process pour ne pas laisser s’accumuler la dette technique (code review, tests systématiques, etc). Ça fait partie du rôle de Founding Engineer. Là-dessus, je suis très chiant pour avoir un code le plus clean possible ! (rires)
🧐 C’est pas risqué de rejoindre une boîte si early ?
Benjamin :
Ma première expérience en start-up m’a tellement apporté en termes d’apprentissage que je me suis dit que rejoindre une boîte encore plus early ne pouvait que m’apprendre davantage.
Dans tous les cas il faut le voir comme un apprentissage. Même si la start-up ne décolle pas, ça restera une super formation pour la suite de ta carrière.
Après, ça reste un risque. Je pense qu’il faut réévaluer tous les ans si on croit toujours autant au projet.
💰 Niveau salaire, il faut s’attendre à avoir moins que dans une boite plus mature ?
Souvent, oui. C’était le cas pour Benjamin :
J’ai accepté de baisser mon salaire, mais j’avais négocié le package, pour avoir le droit à des stock-options. Il y a un vrai intérêt là-dessus quand tu rejoins une start-up early-stage.
Thomas a quasiment la même vision des choses :
En général, il faut éviter de trop compter sur les BSCPE et d’accepter de trop baisser son salaire. Mais si tu arrives en tant que Founding Engineer, c’est peut-être un des seuls cas où je conseillerais de vraiment miser sur les BSCPE.
Surtout si :
Tu rejoins la boite au tout début
Tu crois vraiment au projet
Tu es prêt à t’engager au moins 3 ou 4 ans (parce qu’en dessous tu toucheras pas tous tes BSPCE)
Attention quand même à ne pas trop baisser son salaire. Je conseille d’avoir d’autres process en parallèle, pour pouvoir négocier plus facilement.
Et si la boite a levé, c’est plus simple aussi. Perso, je n'ai pas eu à baisser mes prétentions salariales.
Un de nos précédents articles peut t’aider : 📝 Salaires vs Actions : tout comprendre pour faire le bon choix
🤷♂️ On se sent pas seul quand on est Founding Engineer ?
C’est une question qui revient parfois quand on évoque ce rôle.
Mais Benjamin ne s’est jamais senti seul. Thomas non plus :
C’est sûr qu’il faut savoir être autonome. Si tu ne l’es pas, c’est compliqué d’être Founding Engineer. Il faut prendre beaucoup d’initiatives.
Mais je ne me sens pas seul, au contraire. Être peu nombreux, ça renforce les liens, on se parle tout le temps. Je me sens hyper bien entouré.
En fait, c’est pas une question de nombre. Tu peux te sentir seul dans une boite de 2000 personnes, et entouré dans une boite de 10 personnes.
🌱 Comment on évolue en tant que Founding Engineer ?
En arrivant aussi tôt dans une start-up, les opportunités d’évolution peuvent se multiplier si le business décolle.
C’est le cas pour Benjamin, qui a connu 5 vies chez talent.io :
Senior dev (Founding Engineer) → Tech Lead → Engineering Manager → Head of Engineering and Data → CTO.
C’est aussi pour ça qu’il est resté aussi longtemps : toujours de nouveaux challenges, et de nouvelles problématiques.
Devenir manager est donc une évolution probable, mais pas obligatoire non plus :
Si tu rejoins une boite en tant que Founding Engineer avec l’ambition de la faire grossir, il y a forcément un moment où il faudra structurer l’équipe, et par la force des choses, avec ton ancienneté, ça risque d’entrer dans ton scope.
Maintenant, si tu n’as pas envie d'être manager, il y a des modèles où le Founding Engineer peut rester expert technique, et embaucher un Engineering Manager pour la partie management.
Thomas, lui, est encore dans la phase “leading yourself”.
Il se voit évoluer vers un rôle de manager de projet technique, mais il reste très focalisé sur le présent.
D’autant plus que bosser dans l’IA impose plutôt de se projeter à très court terme, car la technologie évolue chaque jour.
En IA il y a une phrase qui ressort souvent : “What a time to be alive”. Je suis 100% aligné là-dessus, et convaincu que même si Jimini ne décollait pas pour X ou Y raison, je pourrais me réorienter dans l’IA sans trop de problèmes.
D’ailleurs, si tu es un·e dev’ passionné·e par l’IA, Jimini AI recrute ! Tu peux voir les offres ici.
A très vite ☀️
Le talent club